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 EA EC EG EL EM EN EP ER ET EX 
ÉTAT
« L'État, c'est moi. »

Comme tant d'autres mots historiques, celui-ci est d'une authenticité fort douteuse.

Le 20 mars 1655, le cardinal Mazarin avait fait enregistrer par le parlement plusieurs édits bursaux, dont l'un, soit dit en passant, relatif à la marque du papier et du parchemin pour actes notariés, a donné naissance à l'impôt du timbre.

Le parlement ayant manifesté l'intention d'annuler ces édits, Louis XIV, alors âgé de dix-sept ans, décidé à les maintenir, se présenta lui-même devant cette assemblée, dans un lit de justice tenu le 13 avril suivant, pour lui signifier sa volonté, très certainement inspirée par Mazarin.

« C'est ici, écrit M. Charnel dans son Histoire de l'Administration monarchique en France (1855, t. II, p. 32), que l'on place, d'après une tradition suspecte, le récit de l'apparition de Louis XIV dans le parlement, un fouet à la main, et qu'on lui prête la réponse fameuse au premier président (Pomponne de Bellièvre) qui parlait de l'intérêt de l'État : « L'État, c'est moi. »

D'après les Mémoires de Montglat (21me campagne), qui place cette anecdote au 10 avril, le roi serait venu « le matin au parlement, en justaucorps rouge et chapeau gris, accompagné de toute sa cour en même équipage : ce qui était inusité jusqu'à ce jour. »

Comme le roi arrivait de Vincennes, où il allait souvent chasser, on a pu supposer qu'il était alors dans sa tenue de chasseur. Mais cela est d'autant moins probable qu'avant de se rendre au parlement, il était entré à la Sainte-Chapelle.

M. Louis Vian, dans un intéressant article de la Revue des questions historiques du ler octobre 1882 : Louis XIV au parlement, estime que le roi devait être en costume convenable, et que la légende du fouet a été imaginée par Voltaire, dans l'intérêt de la mise en scène. (Voy. le Siècle de Louis XIV, chap. XXIV.)

Quant aux paroles du roi, les voici telles que nous les avons relevées sur les registres manuscrits du parlement à la date du mardi 13 avril 1655 :

« Ledict seigneur Roy a dict, Messieurs, chacun sçait les malheurs qu'ont produit les assemblées du parlement. Je veux les prévenir et que l'on cesse celles qui sont commencées sur lois et édietz que j'ay aportés, lesquels je veux être exécutés. Monsieur le premier président, je vous deffend de souffrir aucunes assemblées et a pas un de vous de la demander. Et aussy tost s'est retiré. » (Conseil secret, archives nat., registre coté X1A, 8390, fol. 90 R°.)

Il paraît donc bien certain que, si Louis XIV a jamais prononcé le mot brutal qu'on lui prête, ce ne fut pas en cette circonstance. Ce ne dut pas être non plus pendant toute la période de son règne qui précéda la mort de Mazarin (9 mars 1661). On sait qu'alors il était plus occupé de ses plaisirs que du gouvernement de son royaume, laissant au cardinal la haute direction des affaires de l'Etat.

Ce n'est que lorsqu'il perdit son premier ministre qu'il prit personnellement possession du pouvoir. L'abbé de Choisy rapporte, au chapitre II de ses Mémoires, que le lendemain de la mort de Mazarin, l'archevêque de Rouen dit au roi : « Sire, j'ai l'honneur de présider à l'assemblée du clergé de votre royaume. Votre Majesté m'avoit ordonné de m'adresser à M. le cardinal pour toutes les affaires : le voilà mort ; à qui veut-elle que je m'adresse à l'avenir ? — A moi, M. l'archevêque », aurait répondu le roi.

Si le fameux mot n'a pas été dit, il faut reconnaître qu'il résume fort exactement la pensée intime de Louis XIV dans toute la suite de son règne, et les idées qu'on se plaisait à entretenir autour de lui.

Bossuet, dans sa Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte, ouvrage composé pour le dauphin, disait :

« La majesté est l'image de la grandeur de Dieu dans le prince.
» Dieu est infini, Dieu est tout. Le prince, en tant que prince, n'est pas regardé comme un homme particulier: c'est un personnage public, TOUT L'ÉTAT EST EN LUI ; la volonté de tout le peuple est renfermée dans la sienne. »
(Livre V, art. 4, 1re proposition.)

M, Lémontey, dans son Essai sur la monarchie de Louis XIV, cite ce passage d'un cours de droit public rédigé, par ordre du roi, sous la direction du Mis de Torcy, pour l'instruction du duc de Bourgogne :

« La France est un état monarchique dans toute l'étendue de l'expression. Le roi y représente la nation entière, et chaque particulier ne représente qu'un seul individu envers le roi... La nation ne fait pas corps on France. Elle réside tout entière dans la personne du roi. »

M. Lémontey est de ceux qui acceptent pour authentique le mot de Louis XIV : « Le Coran de la France, dit-il, fut contenu dans quatre syllabes, et Louis XIV les prononça un jour : « L'État c'est moi.» (lre édit., 1818, p, 327.)

Il est vrai, ce qui atténue singulièrement la valeur de son opinion, qu'il accueille et réédite bien légèrement, un peu plus loin (p. 356), la version de Voltaire.


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