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Dictionnaire des curieux (1880) web_m_Top 10 Top 10   web_m_Commentaires Commentaires

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Mettre en face d'un dilemme. — Argument cornu. — Raisonnement biscornu. — Raisonner comme un crocodile. — L'avocat et son clerc
Dilemme vient d'un mot latin, originaire lui-même du grec, qui signifie arme à deux tranchants.

Le dilemme est un raisonnement qui contient deux propositions contraires ou contradictoires, dont on laisse le choix à l'adversaire, qui est forcé d'arriver à une conclusion unique, qu'il adopte l'une ou l'autre des propositions.

Mettre quelqu'un en face d'un dilemme, c'est,donc lui ôter toute alternative.

Le philosophe Aristippe proposait le dilemme suivant à ceux qu'il voulait dissuader du mariage :

Si vous vous mariez, votre femme sera belle ou laide : si elle est belle, elle vous causera de la jalousie; si elle est laide, elle vous donnera du dégoût : donc il ne faut pas vous marier.

Dans les écoles, on donne souvent le dilemme suivant comme modèle:

Ou tu étais à ton poste, ou tu n'y étais pas. Si tu y étais, tu as laissé entrer l'ennemi sans donner l'alarme, et tu mérites la mort; si tu n'y étais pas, tu es déserteur, et tu mérites la mort : donc tu mérites la mort.

Le dilemme est quelquefois appelé argument cornu parce qu'il peut frapper des deux côtés comme les cornes d'un taureau. C'est en souvenir de ce terme d'école que le peuple appelle raisonnement biscornu un raisonnement bizarre. Dans la conversation, argument cornu est encore souvent employé pour désigner, non-seulement un dilemme, mais tout argument, toute affirmation qui, suivant l'expression vulgaire, met l'adversaire au pied du mur.

Les rhéteurs ont encore imaginé une variété de dilemme, appelé crocodile.

Le crocodile est un dilemme qui masque des réticences, qui donne lieu à des échappatoires de la part de celui qui y a recours.

Cette singulière appellation lui vient, selon quelques-uns, de ce que l'individu que l'on met en face d'un raisonnement de ce genre, est dans la même situation qu'un homme se trouvant tout à coup en face d'un crocodile. S'il ne bouge pas, la bête le saisit ; s'il fuit elle le poursuit, et il ne peut avoir chance d'échapper qu'en employant la ruse : en effet la disposition des écailles du crocodile ne lui permet pas de tourner rapidement sur lui-même, et le fugitif peut échapper si, connaissant cette particularité, il court en zig-zag et opère de brusques retours en arrière.

Selon d'autres, l'appellation de crocodile puise son origine dans l'histoire suivante, inventée sans doute par quelque rhéteur qui voulait embarrasser ses élèves.

Un crocodile avait enlevé le fils d'une pauvre femme, pendant qu'il jouait sur les bords du Nil. La mère désolée suppliait le monstre de lui rendre son fils. Le crocodile lui promit de le lui rendra sain et sauf si elle répondait juste à une question qu'il allait lui proposer. Veux-je te rendre ton fils, ou non ? demanda-t-il. La femme, soupçonnant que l'animal voulait la tromper, répondit : tu ne veux pas me le rendre; puis elle demanda que son fils lui fut rendu, disant qu'elle avait pénétré la véritable intention du crocodile. Point du tout, repartit le monstre, car si je te le rendais, tu n'aurais point dit vrai; ainsi je ne puis point te le donner sans que ta première réponse ne soit fausse, ce qui est contraire à nos conventions.

Si la mère avait répondu : tu veux me le rendre, il est facile de prévoir ce qu'aurait objecté le crocodile.

Dans la conversation, au lieu d'appliquer l'appellation de crocodile à un raisonnement captieux, on l'applique à celui qui fait le raisonnement.

De là la location familière : raisonner comme un crocodile.

L'histoire de la femme et du crocodile rappelle un peu celle de l'avocat et de son clerc.

Un avocat était convenu avec son clerc, par un traité, de ce qui suit :

1° Le clerc paierait trois mille francs au patron, si ledit clerc gagnait sa première cause;
2° Il ne paierait rien pour son stage s'il perdait sa première cause.

Lorsque le clerc se sentit capable de plaider, il dit à son patron :

— Vous deviez me donner des leçons que vous ne m'avez pas données; et si j'ai appris quelque chose, ce n'est pas à vous qu'il me faut en savoir gré. Quand même je gagnerais ma première cause, vous n'aurez rien.
— Nous allons plaider, répondit le maître.
— Soit, plaidons.

La cause fut déférée au tribunal, et les juges déclarèrent que les services rendus au patron par le clerc compensaient largement les quelques leçons qu'il avait reçues, et que, par conséquent, l'élève ne devait rien au maître.

Alors le maître dit à l'élève :

— Notre traité porte que si vous gagnez votre première cause, vous me verserez trois mille francs. Vous avez gagné votre première cause; exécutez-vous.
— Pardon, riposta l'élève, le tribunal a déclaré que je ne vous devais rien.
— Il est vrai que le tribunal a déclaré cela, mais il est également vrai que notre traité porte que vous me donnerez trois mille francs si vous gagnez votre première cause, et vous l'avez gagnée.
— La loi a parlé; je ne vous dois rien.

On voit que nos deux hommes auraient pu se chicaner longtemps sur ce terrain; et le rhéteur qui a inventé cette histoire avait sans doute en vue; non-seulement de donner un exemple d'argument cornu, mais aussi de ridiculiser les arguties auxquelles les avocats des derniers siècles demandaient toutes leurs ressources d'éloquence.


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