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Dictionnaire des curieux (1880) web_m_Top 10 Top 10   web_m_Commentaires Commentaires

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 FA FI 
Faire une boulette
Chacun connaît le sens multiple de celle locution familière. En effet, qui n'a pas fait ou peut jurer de ne pas faire quelques boulettes ?

        Le pauvre en sa cabane, où la chaume le couvre,
        Est sujet à leurs lois,
        Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
        N'en défend pas nos rois.

Ce qui peut nous consoler, c'est que le sage lui-même fait sept boulettes par jour, même après avoir tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Aussi un moraliste a-t-il conseille à ceux qui aspirent à l'entière sagesse de faire sept fois le tour de leur département avant de remuer la langue.

Puisque le sage fait sept sottises par jour, calculez le nombre de boulettes que font ceux dont la langue est trop impatiente pour exécuter les sept tours réglementaires !

Au propre, boulette veut dire petite boule. Faut-il en conclure que celui qui a fait une bévue, une maladresse, a fait une petite boule? — On dit cependant qu'il a fait une boulette.

Boulette, avec le sens de bévue, n'a pas la même origine que boulette signifiant petite boule. Celui-ci vient du latin bulla, boule.

Boulette, bévue, vient de l'anglais bull (prononcez boule) qui signifie taureau et, au figuré, absurdité, bévue. Les Anglais appellent bull-head (prononcez boule-hède) un sot, un benêt, celui qui fait des bévues. Bull-head signifie textuellement : tête à sottises.

Celte expression s'est acclimatée chez nous grâce aux Anglais du passage qui, lorsqu'ils ne sont pas satisfaits des garçons d'hôtel, leur infligent l'appellation de bull-head. Et les garçons d'hôtel, faisant de la métonymie sans le savoir, ont appliqué à l'effet le nom de la cause.

En Angleterre, le mot bull a un sens assez difficile à rendre en français. Il sert principalement à désigner les stupidités que l'on prête aux Irlandais, et toute bêtise, même émanant d'un Anglais pur sang, est qualifiée d'irish bull, bévue irlandaise.

L'auteur d'Un tour en Irlande, M. Joseph Prévost, a consacré aux irish bulls quelques pages dont voici un extrait :

« Nous sommes bien près de la montagne? dis-je à mon cocher, garçon vif et intelligent qui m'avait été recommandé comme un guide sûr et expérimenté.

» — Oh! non, Votre Honneur verra bien tout à l'heure que la montagne sera plus loin à mesure que nous approcherons.

Cet irlandisme, débité avec la plus parfaite candeur, me fit rire d'une façon qui déconcerta un peu le brave Thaddy. Il me regarda avec de grands yeux, ne se doutant pas le moins du monde qu'il venait de lâcher un irish bull de la plus belle espèce. On a essayé bien des fois de définir et de traduire le mol bull, mais on n'a pas trouvé dans notre langue d'expression équivalente. Un bull, c'est quelquefois un non-sens, quelquefois un calembour, souvent c'est une hyperbole ou une métaphore grotesque; mais c'est toujours une bêtise plus ou moins amusante. C'est tout cela et autre chose encore; aussi, pour mieux faire comprendre ce que nos voisins entendent par ce mot, est-il nécessaire de citer quelques exemples. Je les emprunte au recueil qu'a publié sur la matière miss Edgeworth ; cet ouvrage jouit toujours d'une faveur soutenue de l'autre côté du détroit.

Des étrangers visitant les beaux lacs de Killarney, situes dans le comté de Kerry, en Irlande, admiraient surtout un écho qui répétait les sons jusqu'à quatre fois de suite, « Ce n'est rien, dit un paysan nommé Paddy Blake, qui se trouvait là, ce n'est rien auprès de l'écho qu'il y a dans le jardin de mon père; si vous lui demandez : Echo, comment vous portez-vous? il répondra civilement : Très bien, merci, et vous, monsieur? »

On demandait un jour à un autre paysan de la force de Paddy Blake : « Avez-vous des frères? — Non, répondit-il, je n'ai pas d'autre frère que moi-même. »

Il ne faut pas croire que ces bévues échappent seulement aux gens de la campagne; les Irlandais de toutes les classes sont, à ce qu'il paraît, très sujets à commettre des bulls, soit en parole, soit en actions. Ainsi, un auteur à la mode, auquel des critiques reprochaient de n'écrire que pour de l'argent, sans se soucier de la gloire, s'écria très sérieusement : Eh ! qu'est-ce que la postérité a donc fait pour moi, pour que l'on me répète sans cesse que je dois travailler pour elle !

Un candidat à la députation, étonné de n'être pas appuyé dans les hustings (assemblées électorales) par un gentlemann qui lui avait promis son concours, se tourna vers lui et l'interpella en ces termes : « Je suis surpris d'entendre mon honorable ami rester muet. »

Les marchands irlandais si féconds en hâbleries, si habiles à éblouir et à persuader les acheteurs, ont largement contribué à enrichir le répertoire des bulls. Une dame marchandait un jour une étoffe dans un magasin de Dublin, et demandait naturellement au commis qui la servait si le tissu en était solide, «  Oh ! madame, répondit-il, vous serez trop contente de votre robe, elle ne s'usera jamais; je vous jure qu'elle durera jusqu'à la fin de vos jours, et alors vous pourrez encore en faire un jupon. »

Le peuple anglais qui a tant de prétention à la gravité, qui est si fier de sa froide raison, et qui paraît si convaincu de la supériorité qu'il s'attribue sur la race irlandaise, considère comme des fous tous les diseurs de bulls. Nous sommes loin de partager cet avis, et nous pensons que ces fameux bulls tant reprochés aux fils d'Erin, proviennent de deux causes très simples. La première, c'est l'extrême vivacité de ce peuple qui parle et agit souvent avant d'avoir réfléchi, avant de s'être donné la peine d'éclaircir ses idées. La seconde cause consiste dans le génie mémo de la langue indigène. L'idiome irlandais est excessivement emphatique; il est tout plein de figures et se prête merveilleusement à l'exagération et aux plus étonnantes hyperboles. Ainsi, par exemple, un paysan, pour exprimer qu'il serait heureux de passer sa vie sur le domaine de son seigneur, ne manquera pas de lui dire : « Je voudrais demeurer ici tant que l'herbe y poussera, et aussi longtemps que la rivière coulera. » Il m'est arrivé un soir, dans une auberge, d'entendre l'hôtesse gourmander en ces termes sa servante qui me laissait presque dans l'obscurité : « Mouchez donc la chandelle de ce monsieur, voulez-vous laisser les mèches monter jusqu'au plafond »

«... Les Irlandais ressemblent beaucoup à nos Gascons; ils ont du moins plusieurs de leurs défauts, c'est ce qui a fait dire que les eaux du Shannon jouissent des mêmes propriétés que celles de la Garonne... »

M. Marcel, ancien consul, a recueilli quelques iris bulls, parmi lesquels le suivant, que le plus spirituel des Parisiens ne désavouerait pas :

« Un Irlandais entra un jour chez un boulanger et demanda un pain de deux livres. Le boulanger en mit un sur le comptoir; l'Irlandais en demanda le prix : — Cinq pence (50 centimes), dit le boulanger. — Mais il n'a pas le poids, dit l'acheteur, en le pesant de la main.—N'importe, répliqua l'autre, il sera plus facile à porter. — L'Hibernien (l'Irlandais) déposa alors sur le comptoir quatre pence (40 centimes). — Ce n'est pas assez, dit le boulanger. — N'importe, répliqua l'Irlandais, ça sera plus facile à compter. »

On voit que, dans notre locution faire une boulette, le sens de boulette s'éloigne quelquefois du sens de bull. Il semble même se restreindre à la qualification des actions, et ne qualifier que rarement des paroles. C'est le contraire, chez les Anglais, pour lesquels bull désigne surtout ce que nous appelons balourdise et calembour bête. Il y a cependant quelquefois, dans leurs recueils de bulls, des traits aussi spirituels que risibles, témoin celui-ci :

Une dame, douée d'un embonpoint remarquable, monte dans un omnibus et cherche à caser sa puissante personne à la seule place qui reste vide. Elle ne peut y réussir.
— Serrez-vous donc un peu ! s'écrie un jeune homme galant; madame n'a pas de quoi s'asseoir.
— Pardon, répond la dame, j'ai de quoi, mais je ne sais où le mettre.

Toutefois, il serait imprudent d'affirmer que ceci est anglais. Il nous semble, en effet, avoir lu quelque part une légende où l'on voit un chœur d'anges descendant sur la terre pour rendre visite à sainte Cécile, leur rivale :
— Mes beaux messieurs, dit sainte Cécile, donnez-vous la peine de vous asseoir.
— Vous êtes bien aimable, madame, répond l'un des anges, mais nous n'avons pas de quoi.


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