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Dictionnaire des curieux (1880)
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Etre fort au bilboquet
On dit de quelqu'un qu'il est fort au bilboquet, pour laisser entendre qu'un talent futile, des qualités tout extérieures, lui ont valu un emploi, des honneurs dont il n'est pas digne.

Cette locution remonte au temps de Henri III. Ce prince s'était pris d'une belle passion pour le bilboquet, passe-temps alors tout nouveau, et il n'était pas rare de le voir, dans l'exercice même de ses royales fonctions, paraître un bilboquet à la main ou suspendu à la ceinture. Il va sans dire que les jeunes seigneurs de la cour avaient fait de ce jeu leur récréation favorite.

Un jour, le roi ayant entendu dire que le duc d'Epernon maniait le bilboquet avec une adresse rare, il le fit venir et put se convaincre que la réputation de ce seigneur n'était pas usurpée. Dès lors, le duc d'Epernon devint le professeur, le compagnon inséparable du roi, et les plus hautes dignités lui furent conférées. Les gens d'esprit se moquèrent de cette élévation en disant du duc : « Il est très fort au bilboquet. »

Au lieu de la locution qui précède, on emploie quelquefois, avec le même sens, la suivante : « Il est très fort au billard. »

Cette dernière fait allusion à la fortune de « l'heureux Chamillart qui fit sa fortune grâce au billard. Il était conseiller au Parlement, lorsque sa réputation de joueur de billard le fit appeler à la cour, où il parvint à devenir ministre de la guerre et des finances. Il jouait avec Louis XIV (très amateur, on le sait, du jeu de billard) trois fois la semaine et savait perdre à propos... Le carambolage avait suppléé au génie chez l'homme d'Etat. Mais si Chamillart fit sa fortune politique en jouant au billard avec le grand roi, ce fut aussi en y jouant avec Chamillart, qu'à son tour Samuel Bernard bloqua dans la blouse de son coffre-fort le premier million de sa prodigieuse richesse. » (Larousse).

L'incapacité de Chamillart, comme homme politique, fut d'autant plus visible et désastreuse pour la France qu'il avait assumé un double fardeau « qu'avaient eu peine à porter séparément deux hommes éminents, Colbert et Louvois. »

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