dicoperso.com
Les mots qui restent (1901)
Lien vers le dictionnaire http://www.dicoperso.com/list/10/index.xhtml
Lien vers le terme http://www.dicoperso.com/index.php?a=term&d=10&t=301
FIÈVRE
Va te doucher, Basile, tu sens la fièvre.

Allusion proverbiale à cette fameuse scène du Barbier de Séville (23 février 1775), où le comte Almaviva, Figaro et Rosine cherchent à se débarrasser de Bazile, dont la présence les importune :

LE COMTE.

Allez vous coucher, mon cher Bazile, vous n'êtes pas bien, et vous nous faites mourir de frayeur. Allez vous coucher.

FIGARO.

Il a la physionomie toute renversée. Allez vous coucher.

BARTHOLO.

D'honneur il sent la fièvre d'une lieue. Allez vous coucher.

ROSINE.

Pourquoi êtes-vous sorti ? On dit que cela se gagne. Allez vous coucher.

(Acte III, scène xi.)

L'idée est d'un bon comique et l'on ne peut que féliciter Beaumarchais de l'excellent parti qu'il en a su tirer, mais il est difficile de lui reconnaître ici le mérite de l'invention.

On trouve effectivement, dans les Mémoires du cardinal de Retz, l'anecdote suivante, qu'il place en 1649:

(Il y avait grand intérêt pour lui à empêcher son son oncle Henri de Gondi, archevêque de Paris, d'aller siéger au Palais, et tous ses efforts en ce sens avaient été infructueux.)

« Je sortis, dit-il, de sa chambre au désespoir ; un chirurgien qu'il avoit me pria d'aller attendre de ses nouvelles aux Carmélites, qui étoient tout proche, et il me revint trouver, un quart d'heure après, avec ces bonnes nouvelles, il me dit qu'aussitôt que nous étions sortis de la chambre de M. de Paris, il y étoit entré ; qu'il l'avoit beaucoup loué de la fermeté avec laquelle il avoit résisté à ses neveux, qui le vouloient enterrer tout vif; qu'il l'avoit exhorté ensuite de se lever en diligence pour aller au Palais ; qu'aussitôt qu'il fut hors du lit, il lui avoit demandé d'un ton effaré comme il se portait, que M. de Paris lui avoit répondu : « Qu'il se portait fort bien. » Qu'il lui avoit dit : « Cela ne se peut, vous avez trop mauvais visage. » Qu'il lui avoit tâté le pouls ; qu'il l'avoit assuré qu'il avoit la fièvre, et d'autant plus à craindre qu'elle paroissoit moins ; que M. de Paris l'avoit cru ; qu'il s'étoit remis au lit, et que tous les rois et toutes les reines ne l'en feroient sortir de quinze jours. »

(Éd. Champollion-Figeae, 1859, IIe partie, chap. XVII; t. II, p. 181. — Éd. Régnier, t. II, p. 578.)

Scribe a imité de très près cette scène plaisante dans la Camaraderie, ou la Courte échelle, comédie en cinq actes représentée au Théâtre-Français le 19 janvier 1837.

Au IVe acte, scène Ire, Césarine empêche son mari, M. de Miremont, de se rendre à la Chambre, en lui donnant des craintes sur sa santé :

M. DE MIREMONT.

Et qu'est-ce que j'ai ? Qu'est-ce que dit le docteur ?

CÉSARINE.

Il dit que c'est une grande irritation de poitrine.

M. DE MIREMONT, essayant de tousser.

C'est vrai! je me sens là une chaleur...

CESARINE.

Qui n'est rien en apparence, mais qui pourrait s'aggraver, si vous continuez à suivre vos travaux parlementaires.

© 2003 info@dicoperso.com

Powered by Glossword 1.6.4