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Les mots qui restent (1901)
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CROIX
La « croix de ma mère ».

Nous avons cité plusieurs exemples de « croix de ma mère ».

D'après M. Gustave Larroumet, l'érudit chroniqueur du Temps, ce précieux accessoire de mélodrame aurait été inventé par Voltaire lui-même, dans sa tragédie de Zaïre, représentée le 13 août 1732. (Voy. le Temps du 26 février 1900.)

Voici comment cette croix intervient dans la pièce : grâce à elle, Lusignan retrouve en Zaïre, esclave d'Orosmane, Soudan de Jérusalem, une fille qui lui avait été ravie jadis par les Sarrasins. (Acte Ier. scène Ire, et acte II, scène III.)

Un digne pendant à la « croix de ma mère », c'est

LE « SABRE DE MON PÈRE »,

qui fut célébré dans un couplet fameux de la Grande-Duchesse de Gérolstein (Meilhac et Halévy, Variétés, 12 avril 1867).

Au Ier acte, scène XIII, la grande-duchesse, présentant un sabre au soldat Fritz, qu'elle vient de bombarder général, chante :

        Voici le sabre de mon père !
        Tu vas le mettre à ton côté.
        Ton bras est fort, ton âme est fière.
        Ce glaive sera bien porté...

Fritz répond :

        Vous pouvez sans terreur confier à mon bras
        Le sabre vénéré de monsieur votre père...
        Je reviendrai vainqueur, ou ne reviendrai pas !

Il y a cinquante ou soixante ans, il était fort question de ce vénérable accessoire dans les pièces larmoyantes.

Le 21 octobre 1836, à ce même théâtre où l'on devait applaudir un jour la spirituelle bouffonnerie de MM. Meilhac et Halévy, un public moins blagueur s'attendrissait en écoutant une touchante comédie de Ch. Desnoyers et d'Avrecourt, intitulée l'Épée de mon père.

A la dernière scène, Henri, l'un des héros, renonçant à celle qu'il aime, s'écrie :

« Pour me consoler, pour me faire oublier mon amour, il me reste... ma mère... et cette épée. L'épée de mon père ! »

Dans la Closerie des genêts, drame en cinq actes de Frédéric Soulié, représenté à l'Ambigu-Comique le 14 octobre 1846, un personnage, apportant des épées pour un duel, disait solennellement aux deux adversaires :

« Voici les épées de vos pères ! »

Nous citerons enfin ces vers de Victor Hugo, adressés à la France :

        T'insulter ! t'insulter! ma mère!
        Mais n'avons-nous pas tous, ô ciel !
        Parmi nos livres, près d'Homère,
        Quelque vieux sabre paternel ?

(Le Retour de l'Empereur, décembre 1840, § IV, 5me stance ; à la suite des Rayons et des Ombres.)

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