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Les mots qui restent (1901)
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COLLIGNON
Va donc, hé ! Collignon !

Il n'est guère d'altercation un peu vive entre messieurs les cochers que l'on n'entende retentir cette invective, suprême injure quand ils ont épuisé toutes les ressources de leur répertoire habituel.

Comme le souvenir de ce Collignon s'est probablement effacé de beaucoup de mémoires, nous ramènerons pour un instant l'attention sur cette célébrité des annales parisiennes.

Le 16 septembre 1855, M. Juge, directeur de l'école normale de Douai, étant venu à Paris avec sa femme pour visiter l'exposition, si fit conduire à Auteuil par une voiture de remise, dont le cocher lui réclama 5 francs au lieu de 3 qui étaient dûs. Très irrité de cette exigence, M. Juge paya, mais déposa dès le lendemain une plainte à la Préfecture de police.

Le cocher, nommé Jacques Collignon, âgé de quarante-neuf ans, fut mandé le 22 à la fourrière et reçut l'ordre de restituer à son client la nomme indûment perçue. Le lendemain, il achetait une paire de pistolets et vendait son mobilier, annonçant qu'il allait s'embarquer.

Le 24, il se rendait au domicile de M. Juge, 83, rue d'Enfer, lui remboursait les 2 francs, et, pendant que celui-ci lui préparait un reçu, il lui brûla froidement la cervelle. Il tira ensuite sur Mme Juge, qu'il manqua.

Arrêté par M. Proudhon, le célèbre utopiste, Colli-gnon nu manifesta aucun regret de son crime. Il fut condamné à mort le 12 novembre et exécuté le 6 décembre, conservant jusqu'au bout son sang-froid et son insouciance.

...Et voilà pourquoi les cochers se plaisent à s'appeler « Collignon ! »

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