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Les mots qui restent (1901)
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CHASSEPOT
« Nos fusils Chassepot ont fait merveille. »

Le Moniteur du 10 novembre 1867 publiait, en première page, une dépêche du général de Failly, datée du 9, rendant compte de la victoire remportée par les troupes françaises et pontificales sur l'armée garibaldienne sous les murs de Mentana (3 novembre). Après avoir annoncé que six cents garibaldiens y avaient trouvé la mort, le chef de l'expédition terminait par ces mots :

« Nos fusils Chassepot ont fait merveille. »

Cette phrase, qui n'était évidemment pas très heureuse, fut l'objet des plus vives critiques en Italie et de la part des ennemis de l'Empire.

Dans une interpellation sur l'expédition de Rome, qui fut discutée au Corps législatif le 2 décembre suivant, M. Jules Favre reprocha au gouvernement de n'avoir pas laissé les bandes garibaldiennes se retirer sur le territoire italien.

« Il fallait bien, interrompit M. Glais-Bizoin, essayer les fusils Chassepot.
» M. Eugène Pelletan. — Ces fusils Chassepot qui ont fait merveille. »

M. Jules Favre exprima le regret que nos soldats aient eu à se servir de « ces armes perfectionnées qui ont l'ait tomber, disait-il, les combattants comme l'épi sous la faux du moissonneur, et qui ont permis d'écrire dans le rapport que vous savez, cette phrase qui a causé en Europe une impression horrible : « Nos fusils Chassepot ont fait merveille. »
» — Vous auriez mieux aimé qu'ils ratent! » s'écria M. Granier de Cassagnac.
« M. Jules Favre. — Je comprends et je subis les inflexibles nécessités de la guerre... Mais j'avoue que je suis profondément attristé lorsque je rencontre, dans un rapport français, cette glorification de la destruction des hommes. »
(Moniteur du 3 décembre.)

M. le général Du Barrail, en citant le mot de son collègue, l'a ainsi apprécié dans ses Souvenirs, (t. III. p. 108) :

« L'opinion égarée vit un manque de cœur dans cette phrase qu'on lui reprocha tant et qui pourtant était toute naturelle dans la bouche d'un chef rendant compte des effets d'une arme nouvelle. »

Rappelons qu'à la suite des succès militaires de la Prusse en 1868, dûs en partie au nouveau fusil à aiguille, le gouvernement français, voulant mettre son armement à la hauteur de celui de nos voisins, avait récemment adopté (30 août 1866) le modèle inventé, dès 1857, par Antoine Chassepot.

Quelque temps après, on chantait ce couplet, qui fut vite populaire, dans les Horreurs de la guerre, opérette de Philippe Gille, jouée à l'Athénée, le 9 décembre 1868 :

Nous avons des fusils
Se chargeant par la culasse.
Au dehors c'est gentil,
Mais au dedans ça, s'encrasse...
Nos petits Ennemis
N'en ont point.

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