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« Ça ira. »

La revue la Révolution française du 4 juin 1899 contient (p. 513 à 529) une intéressante étude de M. Gustave Isambert sur l'historique du Ça ira. Ce travail très consciencieux nous a fourni quelques-uns des éléments du présent article.

Disons d'abord que le Ça ira prit naissance au mois de juillet 1790, pendant les travaux de terrassement du Champ de Mars, auxquels s'était associée une grande partie de la population parisienne, afin que tout fût prêt pour la fête de la Fédération du 14 juillet.

La Chronique de Paris du 9 juillet contenait ce passage (p. 758) :

« Il n'est point de corporation qui ne veuille contribuer à élever l'autel de la Patrie. Une musique militaire les précède ; leur cri de ralliement est ce refrain si connu d'une chanson nouvelle qu'on appelle le Carillon national. Tous chantent à la foi : Ça ira, ça ira, ça ira. Oui, ça ira, répètent tous ceux qui les entendent. »

Le Moniteur du 11 disait à son tour :

« Les différentes corporations de la capitale étaient précédées de musique ou de tambour ; chacune d'elle avait son drapeau, sur lequel on lisait : Pour la patrie, rien ne nous coûte. Vivre libre ou mourir. Les esclaves du despotisme sont entourés des enfants de la liberté. Ça ira, refrain d'une chanson patriotique et populaire. »

Ce n'était pourtant pas encore, parait-il, une chanson au vrai sens du mot, mais un refrain auquel chacun joignait des paroles selon sa fantaisie, sur un air de contredanse du musicien Bécourt.

Un chanteur des rues, Ladré, recueillant peut-être quelques couplets qu'il avait entendus, en ajoutant d'autres de sa façon, écrivit les paroles les plus connues de cette chanson. Ils furent gravés dans un recueil du temps, intitulé : Révolutions lyriques ou le Triomphe de la liberté française.

Le n° 4 de cette collection a pour titre : Ah ! ça ira, Dictom (sic) populaire, air de la nouvelle contredanse le Carillon national.

D'après Dumersan (1780-1849), ces couplets ont été faits le matin même du 14 juillet, au Champ de Mars, pendant une averse, et il en donne comme preuve le couplet suivant, où il est fait allusion à ce contretemps :

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
En dépit d'z'aristocrat' et d'la pluie;
Ah ! ça ira, ça ira. ça ira,
Nous nous mouillerons, mais ça finira.
Ah ! ça tiendra, ça tiendra, ça tiendra,
Et dans deux mille ans on s'en souviendra.

(Chansons nationales et républicaines, in-32, p. 89.)

Les paroles du refrain étaient, dit-on, un souvenir de la réponse que faisait Franklin, pendant son séjour à Paris (1776-1785), aux questions qu'on lui adressait sur les événements d'Amérique.

Anacharsis Cloots écrivait, dans la Chronique de Paris du 4 mai 1792 (p. 499) :

« Les Américains commencèrent par être battus à Bunkershill ; et nonobstant cela, l'armée anglaise fut chassée de Boston. Les meilleurs troupes de l'Allemagne et de l'Angleterre ne purent subjuguer un peuple pauvre et clairsemé, un peuple entouré de sauvages et de nègres...

» Nous en témoignâmes nos inquiétudes au sage Franklin ; ce grand homme répondoit à toutes nos objections avec une sérénité admirable. L'Amérique, disoit-il, est travaillée par une foule d'aristocrates ; mais, en dépit de la cabale intérieure et extérieure, ça ira. Et Franklin répétoit toujours ça ira. Plusieurs de nos révolutionnaires se sont rappelé le tic du législateur de la Delaware ; et c'est ce qui a donné lieu à notre chanson patriotique, à notre ranz des vaches. Vive le congrès ! Vive l'Assemblée nationale ! ça ira, ça ira. »

M. A. Granier de Gassagnac, dans son Histoire des Girondins et des massacres de septembre, cite le Ça ira comme une des trois chansons ou hymnes les plus populaires des premiers temps de la Révolution.

« Trois choses sont hors de doute, dit-il, quant au Ça ira : la première, que cette chanson fut composée sur ce mot de Franklin au sujet de la Révolution, mot qui eut un succès immense : Ça ira, ça tiendra ; la seconde, qu'elle fut faite vers fa lin de 1789, après les pendaisons exécutées par la populace, à la lanterne de la place de Grève ; la troisième, qu'elle eut pour auteur un chansonnier ambulant, nommé Ladré. »

Malgré l'assertion de cet historien, le Ça ira ne doit pas être antérieur à juillet 1790. Du moins n'en a-t-on retrouvé aucune trace avant cette époque.

Quant au couplet révolutionnaire que l'on cite souvent, on ne le voit figurer dans aucune des versions connues du Ça ira.

« Quelques-uns, dit Dumersan dans le recueil cité plus haut (p. 77), ajoutèrent de sinistres paroles que je n'ai jamais vues imprimées, mais qu'à cette époque j'ai entendu chanter dans les rues et les promenades :

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates à la lanterne ;
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates on les pendra ;
Et quand on les aura tous pendus,
On leur fichera la pelle au c...

» C'est tout ce que je me rappelle de cette brutale improvisation. »

M. Isambert n'a pu retrouver qu'un lambeau de ce couplet, dans un certain Dictionnaire laconique, imprimé en 1791.

Toutefois, il est certain que le cri sinistre « à la lanterne ! » remonte à 1789. On l'entendit souvent retentir dans les journées des 5 et 6 octobre, et il dut prendre naissance lors des pendaisons qui furent faites dès le mois de juillet au fameux réverbère de l'épicier Delanoue, au coin de la place de Grève et de la rue de la Vannerie.


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