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Dictionnaire des curieux (1880) web_m_Top 10 Top 10   web_m_Commentaires Commentaires

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 L' LA LE 
Le mot de Cambronne
Fontenelle a dit : Pour accréditer une erreur, il faut un jour; pour accréditer une vérité, il faut un siècle, à condition qu'elle marche vite.

Le mot de Cambronne est du nombre de ces erreurs qui se sont accréditées en un jour.

M. Thiers, racontant le fameux épisode de Waterloo, dit : « Les débris des bataillons de la garde, poussés pèle-mèle dans le vallon, se battent toujours sans vouloir se rendre. A ce moment, on entend ce mot qui traversa les siècles, proféré, selon les uns par le général Cambronne, selon les autres par le colonel Michel : La garde meurt et ne se rend pas. — Cambronne, blessé presque mortellement, reste étendu sur le terrain, ne voulant pus que ses soldats quittent leurs rangs pour l'emporter. »

Donc, d'après M. Thiers, le mot ne fut pas prononcé.

D'autre part, M. de Vaulabelle , dans un ouvrage fort estimé, l'Histoire des deux Restaurations, s'exprime ainsi : « Quelques hommes de ce bataillon, laissés pour morts sur le champ de bataille et recueillis le lendemain par les habitants du pays, furent sauvés. Cambronne se trouva du nombre; on a pu l'interroger. Les mots : « la garde meurt et ne se rend pas, » mis à cette occasion dans sa bouche, reproduisent le sens exact de son énergique réponse aux sommations des officiers anglais. »

Donc, M. de Vaulabelle est pour le mot.

On sait ce qu'en pense Victor Hugo; il l'a imprimé en toutes lettres.

Il parait parfaitement établi aujourd'hui que Cambronne n'a prononcé ni le fameux mot, ni la réponse sublime, bien qu'un peu théâtrale : « La garde meurt et ne se rend pas ! »

Cambronne n'est mort qu'en 1842; on a pu l'interroger, comme dit M. de Vaulabelle; mais ceux qui l'ont interrogé sont loin de conclure comme l'historien des deux Restaurations, qui, probablement, a établi sa créance sur de simples racontars de journalistes qui prétendaient avoir causé avec Cambronne.

M. de Vieil-Castel, de l'Académie française, voulut, il y a quelques années, se faire une opinion sur la question. Il alla donc trouver un officier supérieur qui, dans sa jeunesse, avait été très lié avec Cambronne. Voici quelques fragments de la conversation qu'il eut avec lui, et que l'académicien a consignée dans un de ses ouvrages :

« — Vous qui avez connu le général Cambronne, savez-vous mon général, lui ai-je demandé, s'il est vrai qu'aux dernières heures de Waterloo, il ait répondu, par le mot que lui prête Victor Hugo, aux offres de capitulation que lui apportaient soit le général Maitland, soit le général Colleville !

» Le général *** se prit à sourire en haussant les épaules :

— Ce fameux mot, me répondit-il, n'a pas été prononcé, je peux vous l'affirmer, car le général Cambronne me l'a nié à moi-même.

» Sa famille et la mienne étaient très liées; elles habitaient la ville de Nantes; mon père et le général Cambronne partirent ensemble pour l'armée; pendant tout le cours de leur carrière militaire, ils ne se perdirent pas de vue et ils ne cessèrent d'entretenir des relations fort amicales. De retour dans ses foyers, après 1815, le général Cambronne, en l'absence de mon père qui était exilé, devint mon tuteur ; il avait pour moi une grande affection, et ce fut lui qui me décida à entrer au service dès l'âge de quinze ans.

» Le général Cambronne, contrairement à ce que quelques écrivains ont affirmé, n'était ni un homme vulgaire, ni un soldat illettré ; il avait fait de fortes études, et tous ceux qui ont vécu avec lui dans une certaine intimité savent qu'il passait pour un latiniste distingué.

» Un jour, pendant un de mes congés, le général et moi nous nous baignions dans la Loire, et je dois dire que je n'ai jamais vu un corps humain plus couturé de blessures, coups de mitraille, coups de feu, coups de lance, coups de sabre et coups de baïonnette, il en était complètement tatoué.

» En nageant près de lui, l'idée me vint de lui demander s'il avait, comme le prétendaient dès celle époque quelques précurseurs de V. Hugo, prononcé le fameux mot dont « la garde meurt et ne se rend pas ! » ne serait que la traduction.

» Le général Cambronne me répondit, en me tutoyant, comme il en avait l'habitude :

» — Tu me connais, ce mot-là ne me ressemble pas; peux-tu t'imaginer qu'il soit sorti de ma bouche ? Non, je ne l'ai pas prononcé. Ce qui est vrai, c'est que, chaque fois que la proposition de mettre bas les armes nous fut faite, je m'avançai en tête de mes carrés, et levant mon sabre, je criai de ma voix la plus vibrante : « Grenadiers, en avant ! » Bientôt je fus blessé et je perdis connaissance; lorsque je revins à moi mes pauvres carrés de grenadiers jonchaient le terrain et j'étais prisonnier. »

Le témoignage de M. Vieil-Gastel ne saurait être mis en doute, d'autant plus qu'on a retrouvé récemment une lettre autographe de Cambronne, dans laquelle il nie énergiquement avoir prononcé le mot que lui a prêté un chroniqueur en goguette. Cette lettre a été publiée par diverses revues, et l'une d'elles l'a accompagnée de réflexions dont nous n'avons pas le texte sous les yeux, mais qui se résument ainsi : On pourrait admettre qu'un général français, dans un moment de mauvaise humeur, surtout s'il était seul, lâchât le mot; mais est-il raisonnable de supposer que Cambronne, homme du monde, quoi qu'on en ait dit, mis en face des généraux anglais qui lui offraient des conditions honorables, entouré de ses officiers, ait répondu à ces généraux par un mot que ne se permettrait pas, dans une circonstance si solennelle, le fantassin le plus mal élevé ? Si Cambronne avait fait aux généraux anglais une semblable réponse, ceux ci n'auraient pas manqué d'en prendre bonne note, afin de pouvoir dire à l'Europe : Voyez quelles gens sont nos ennemis! Or, pas un historien anglais ne mentionne même la fameuse légende.

Donc Cambronne n'a pas répondu : «.....!» aux officiers anglais ;

Il n'a pas répondu, non plus : « La garde meurt et ne se rend pas ! »

Il a simplement répondu : « Grenadiers, en avant ! »

Cette réponse est moins théâtrale que la seconde, et surtout moins pittoresque que la première; mais sa simplicité ne lui donne que plus de grandeur. On proposait au général de se rendre, lui montrant l'impossibilité de changer les chances de la journée : à ce moment, en face des vainqueurs, il ne devait être ni furieux, ni exalté, puisqu'on ne se battait pas autour de lui ; mais le double orgueil de soldat et de Français le prenait au cœur ; après avoir réfléchi quelques instants, il préférait la mort à ce qu'il regardait comme une honte, et se tournant vers ses soldats, dont les sentiments répondaient aux siens, il disait : Grenadiers, en avant ! C'était dire : Grenadiers, mourons !

Même au point de vue littéraire, cela vaut mieux que : « La garde meurt et ne se rend pas ! » C'est plus simple plus vrai, plus grand.

Cependant il y a eu trop de fumée autour des deux réponses faussement attribuées à Cambronne, pour qu'il n'y ait pas un peu de feu dans leur voisinage. La vérité paraît être que le colonel Michel, ne s'adressant pas aux Anglais, mais se faisant à lui-même une réflexion, dit d'une voix sèche : La garde meurt et ne se rend pas !

Quant au mot, il aurait été prononcé à demi-voix par un vieux grenadier qui ne trouva pas d'autre façon de manifester ses sentiments.

Que le mot soit sublime dans la bouche du vieux grenadier, nous voulons bien y consentir. Dans celle de Cambronne s'adressant a des parlementaires il ne serait que grossier et impardonnable.

» L'histoire ancienne, dit un chroniqueur, nous a légué une réponse absolument semblable au fameux « La Garde meurt. » Quand Germanicus, faisant le siège d'Ardura, somma les habitants de se rendre, ceux-ci lui répondirent : « Nous saurons mourir, mais non nous rendre. » Et ils tinrent parole. L'assaut donné par Germanicus ayant réussi, les habitants d'Ardura, hommes et femmes, se firent tuer ou se donnèrent volontairement la mort. »


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