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Les mots qui restent (1901)
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BOUTON
« Nous sommes archiprêts ; il ne manque pas un bouton de guêtre. »

Ce mot, auquel nos désastres de 1870 devaient infliger un si cruel démenti, nous reporte à cette triste époque où le second empire, aveuglé par ses illusions, précipita la France dans la plus terrible des aventures.

On se souvient de la séance du 15 juillet 1870, où M. Émile Ollivier annonça au Corps législatif que lu guerre venait d'être déclarée, et où M. Thiers fit entendre ces paroles prophétiques :

« Je suis certain qu'il y aura des jours où vous regretterez votre précipitation. »

Mots qui lui valurent cette violente apostrophe du marquis de Piré :

« Vous êtes la trompette antipatriotique de la défaite. »
(Moniteur Au 16 juillet, p. 1260, col. 3.)

Après une suspension pendant laquelle la Chambre se retira dans ses bureaux pour délibérer sur une demande de crédits, la séance fut reprise le soir à 8 h. 1/2. M. le marquis de Talhouët, rapporteur de la commission, s'exprima en ces termes :

« M. le Ministre de la guerre nous a justifié en peu de mots l'urgence des crédits demandés et ses explications catégoriques... nous montraient qu'inspirées par une sage prévoyance, les deux administrations de la guerre et de la marine se trouvaient en état de faire face avec une promptitude remarquable aux nécessités de la situation. »

Ce dut être en cette circonstance que le maréchal Le Bœuf, ministre de la guerre, prononça, soit devant la commission, soit dans les couloirs de la Chambre, les fameuses paroles qu'on a si souvent rappelées et que nous n'avons pas trouvées au Moniteur.

M. le général Du Barrail, recherchant les responsabilités dans la guerre de 1870, en attribue une petite part au maréchal Le Bœuf. « Certes, dit-il, je ne lui reproche pas d'avoir dit devant la Chambre : « Nous sommes prêts et archiprêts. La guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats. Là, il ne pouvait parler autrement. » M. Du Barrail ajoute qu'il n'aurait pas dû tenir le même langage devant ses collègues.
{Mes souvenirs, t. III, 1896, p. 148.)

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