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Les mots qui restent (1901)
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SUBLIME
« Du sublime au ridicule il n'y a qu'un pas. »

On lit dans les Mémoires de madame de Rémusat (1880, t. III, p. 56) :

« Bonaparte a dit souvent qu'il n'y avait qu'un pas du sublime au ridicule : cela est vrai dans les actions et dans les paroles, quand on néglige l'art véritable. »

Napoléon dut se faire un jour à lui-même l'application de cet aphorisme, dans des circonstances particulièrement cruelles.

Dans son Histoire de l'ambassade dans le Grand duché de Varsovie, publiée en 1815, l'abbé de Pradt rapporte un entretien avec l'empereur, lors de son passage à Varsovie, après le désastre de la Bérésina, le 10 décembre 1812.

Au cours de cette conversation, il l'entendit répéter trois ou quatre fois sa phrase favorite (p. 215).

L'idée ainsi formulée par Napoléon n'était d'ailleurs pas nouvelle. Pour n'en donner qu'un exemple, Marmontel, citant, dans ses Éléments de littérature (1787, t. V, p. 188), quelques vers de Pyrame et Thisbé, tragédie de Théophile, ajoutait :

« Voilà ce qui s'appelle de l'ampoulé : l'exagération en est risible, à force d'être extravagante. En général, le ridicule touche au sublime... »

L'ouvrage de M. de Pradt dont nous venons de parler, qui n'est guère qu'une longue diatribe contre Napoléon, contient encore ce passage souvent cité :

« Son génie, fait à la fois pour la scène du monde et pour les tréteaux, représentait un manteau royal, joint à un habit d'arlequin. C'était l'homme des extrêmes...

» L'homme qui, unissant dans ses bizarreries tout ce qu'il y a de plus élevé et de plus vil parmi les mortels,... joignant le guet-apens aux détrônements, présente une espèce de Jupiter-Scapin qui n'avait pas encore paru sur la scène du monde. »

(Préface, p. IX et XIV.)

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