dicoperso.com
Les mots qui restent (1901)
Lien vers le dictionnaire http://www.dicoperso.com/list/10/index.xhtml
Lien vers le terme http://www.dicoperso.com/index.php?a=term&d=10&t=653
SANG
L'impôt du sang.

Le mot fut prononcé, pour la première fois, parait-il, à la tribune de la Chambre, le 28 mai 1824, par le général Foy, ancien capitaine de l'Empire (1775-1825).

Prenant la parole contre la nouvelle loi tendant à augmenter le contingent, il commençait ainsi son discours :

« Messieurs, il est un impôt qui ne prend pas au contribuable une partie de son revenu ou tout son revenu, une partie de son capital ou tout son capital, mais qui lui enlève la liberté et même la vie, cet impôt terrible, inexorable, cet impôt du sang, est cependant le plus indispensable des impôts, il est l'existence sine qua non des sociétés politiques. »
(Moniteur du 30 mai, p. 685.)

Dans un article inséré au Moniteur du 18 décembre 1867, M. le général Ambert faisait observer, à propos de l'expression mise en honneur par le général Foy, qu'il ne faut pas confondre impôt avec charge, que jamais autrefois on n'aurait assimilé le recrutement à un impôt, que le mot contribution peut à peine être employé dans ce cas, et il cite cette réponse de l'archevêque de Sens à Richelieu, demandant six millions au clergé :

« L'usage ancien était que le peuple contribuât par ses biens, — la noblesse par son sang, — le clergé par ses prières. »

« Les pieds lui ont glissé dans le sang. »

On sait qu'à la suite de l'assassinat du duc de Berry, fils, du comte d'Artois (13 février 1820), M. Decazes, le favori de Louis XVIII, que les ultra-royalistes essayèrent de rendre responsable de ce crime, dut renoncer à ses fonctions de ministre de l'intérieur et de président du conseil.

Quelques jours .après, M. de Chateaubriand écrivait dans le Conservateur, son organe habituel, un article daté du 3 mars, où l'on remarqua particulièrement ce passage :

« Ceux qui luttoient encore contre la haine publique, n'ont pu résister à la publique douleur. Nos larmes, nos gémissements, nos sanglots ont étonné un imprudent ministre : les pieds lui ont glissé dans le sang ; il est tombé. »
(Tome VI, 1820, p. 476.)

Et voici comment Chateaubriand a expliqué ces paroles dans ses Mémoires d'outre-tombe :

« La mort de M. le duc de Berry accrut les inimitiés de part et d'autre et amena la chute du favori. J'ai dit que les pieds lui glissèrent dans le sang, ce qui ne signifie pas, à Dieu ne plaise ! qu'il fut coupable du meurtre, mais qu'il tomba dans la mare rougie qui se forma sous le couteau de Louvel. »
(Édit. Garnier, 1895, t, IV, p. 134.)

© 2003 info@dicoperso.com

Powered by Glossword 1.6.4