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Les mots qui restent (1901)
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CHANT
« Les chants avaient cessé. »

M. Raynouard a su tirer de ce mot un très grand effet dans les Templiers, tragédie en cinq actes représentée au Théâtre-Français le 24 floréal an XIII (14 mai 1805).

L'ordre des Templiers, fondé par les compagnons de Godefroy de Bouillon vers la fin du XIe siècle, fut en butte, au commencement du XIVe, à des accusations plus ou moins calomnieuses, et cruellement persécuté dans toute la France. Ses membres furent déclarés coupables des crimes les plus odieux contre la religion et les mœurs. Beaucoup furent condamnés comme hérétiques ou relaps, et 54 furent envoyés au bûcher le 12 mai 1310.

Dans la tragédie de François Raynouard, la clémence du roi Philippe le Bel allait différer leur supplice, mais l'ordre de surseoir arriva trop tard, et les malheureux furent brûlés.

C'est dans le récit de cette scène poignante, fait à la reine par le connétable, que se trouve le fameux vers :

        Votre envoyé parait, s'écrie... Un peuple immense,
        Proclamant avec lui votre auguste clémence.
        Au pied de l'échafaud soudain s'est élancé...
        Mais il n'était plus temps... les chants avaient cessé.
                                                (Acte V, scène VIII.)

Disons en passant, d'après le Précis historique qui se trouve au début de la brochure, que l'adage « boire comme un Templier » n'a été mis en circulation qu'après l'abolition de l'ordre, et ne peut servir de témoignage contre ceux qui en firent partie. (Voy. p. XI.)

On sait que Scribe a placé un mot qui rappelle le vers des Templiers, au Vme acte des Huguenots (.Académie royale de musique, 29 février 1836).

Tandis qu'on massacre les huguenots qui se sont réfugiés dans le temple pour prier, Valentine s'écrie (scène III) :

Ils chantent encore !

et, lorsque, un moment après, un lugubre silence a succédé aux cris et au bruit des armes, Valentine, d'après le livret, Marcel, dans la partition, jette ce cri déchirant :

Ils ne chantent plus !

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